Bilan 2023 du marché français des BACS

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BACS

ACR, le syndicat des automatismes, du génie climatique et de la régulation, livre ci-dessous une analyse du marché français des BACS en 2023 et les perspectives pour 2024. Pour rappel, les BACS (Building Automation and Control Systems) ou « Systèmes d’automatisation et de contrôle des bâtiments », ou encore « Régulation et Gestion Technique du Bâtiment (GTB) » en langage courant, regroupent l’ensemble des « produits, logiciels et services d’ingénierie à même de soutenir le fonctionnement efficace sur les plans énergétique et économique, et sûr, des systèmes techniques de bâtiment au moyen de commandes automatiques et en facilitant la gestion manuelle de ces systèmes techniques de bâtiment », selon la traduction officielle retenue par les pouvoirs publics (Décret BACS du 20 juillet 2020).

L’essentiel à retenir

Malgré un secteur du bâtiment affecté par la chute de la construction neuve et un marché de la rénovation qui subit l’instabilité des mécanismes d’aides, le marché des BACS fait plus que résister à la tendance baissière du secteur, et ils continuent à s’imposer comme le troisième pilier de la performance énergétique des bâtiments, en complément de la qualité de l’enveloppe et du rendement des systèmes techniques. Pour accompagner cette montée en puissance, il est d’autant plus important de poursuivre les efforts de structuration du marché sur la base de référentiels connus et reconnus, en s’appuyant notamment sur les actions collectives portées par l’Alliance BACS.

Les résultats 2023 du marché des BACS

En 2023, l’ensemble du marché français des BACS, c’est-à-dire de la Régulation et de la Gestion Technique du Bâtiment (GTB), pèse 391,4 millions d’euros, en hausse de 3,9%.

1) La régulation

Marché de la Régulation 2023Le marché de la régulation maintient sa croissance à +5,3% pour atteindre 226,5 millions d’euros en 2023. Ce résultat constitue une bonne performance au regard de la chute du marché neuf et des perturbations du marché de la rénovation pour de multiples facteurs (conjoncture économique inflationniste, instabilité des aides publiques et privées à la rénovation des logements, pénurie de main d’œuvre, etc.) et confirme la tendance consistant à équiper les bâtiments d’une régulation minimum (ex : un thermostat pour maintenir les 19°C réglementaires exigés par le président de la République).

1.1) Chauffage à eau chaude

Avec une croissance de +2% en 2023, le marché de la régulation du chauffage souffre un peu plus de la conjoncture et n’atteint pas les résultats qui pouvaient être attendus au regard des actions gouvernementales liées aux Plans de Sobriété énergétique, incluant les évolutions réglementaires du décret du 7 juin 203 relatif à la régulation automatique de température par pièce (i.e. Décret « Régulation »).

  • Les obligations réglementaires 2023 (Décret « Régulation ») imposent l’installation d’une régulation standard (régulation du générateur, programmation horaire et régulation terminale) du chauffage dans tous les bâtiments au 1er janvier 2027 et cela sans attendre le remplacement du générateur comme c’était le cas précédemment. En conséquence, le marché se maintient en 2023 et devrait être en forte croissance dans les années à venir.
  • Pour les thermostats d’ambiance, ils subissent de plein fouet la chute du marché du neuf et les atermoiements du marché des aides à la rénovation énergétique (-5%) et sont globalement en récession. Seules les technologies programmables sans fils, particulièrement adaptées aux exigences réglementaires pour la rénovation, progressent en nombre (+11%).
  • Les robinets thermostatiques simples qui restent le mode de régulation standard des émetteurs sont en décroissance (-8%) tandis que les robinets à têtes électroniques communicantes ou autonomes continuent de prendre des parts de marché avec des croissances à +56% et +37% respectivement tout en restant très largement minoritaires au regard du parc installé.
  • Concernant les solutions de régulation de la distribution énergétique, les vannes d’équilibrage dynamique (PICV) sont à nouveau en progression (+11%) et représentent désormais le standard du marché. C’était déjà le cas dans le marché du neuf, mais pour la rénovation il est désormais intégré que l’équilibrage hydraulique dynamique est une condition nécessaire à l’efficacité du système du chauffage. Dans ce domaine, on constate d’ailleurs une tendance à un équilibrage dynamique au plus près des émetteurs pour encore plus de qualité de régulation.

1.2) Ventilation et climatisation

Le marché de la ventilation et climatisation tire à nouveau son épingle du jeu avec une croissance de +10% en valeur :

  • Les régulateurs pour terminaux capables de gérer la ventilation et la climatisation en complément du chauffage continuent leur progression grâce aux opérations de rénovation qui répondent aux enjeux réglementaires (décret Tertiaire, décret BACS). Les solutions mettant en œuvre les protocoles de communications standardisés ouverts (ex : BACnet, KNX, etc.) sont des incontournables pour massifier ces opérations de rénovation « par conception » et à coûts maîtrisés.
  • De manière générale, la progression des systèmes de refroidissement traduit une tendance forte. Il en va de même pour le marché de la ventilation qui progresse pour répondre aux exigences de qualité de l’air intérieur, pour donner suite à la prise de conscience de ce sujet avec la crise Covid-19.

2) La Gestion Technique du Bâtiment (GTB)

Marché de la GTB 2023

Le marché de la Gestion Technique du Bâtiment (GTB) passe la barre des 100 millions d’euros avec une progression néanmoins modeste de +4%.
Malgré la chute des projets tertiaires dans le neuf où les BACS performants sont le standard du marché, le marché est porté par la rénovation en s’appuyant sur un socle réglementaire exigeant renforcé par le les nouvelles exigences du Décret BACS II du 7 avril 2023 (abaissement du seuil des installations CVC devant être équipé d’un système de GTB à 70 kW au 1er janvier 2027) :

  • A date, l’essentiel du marché correspond à des travaux standards de mise en conformité réglementaire, voire à de simples travaux de suivi et de comptage énergétique (i.e. sans action de régulation sur les systèmes techniques) en anticipation des exigences de résultats du décret tertiaire. Pour illustrer cela, on constate une progression de 12% des unités de traitement locales (solutions minimales pour mise en conformité au décret BACS), et une croissance très forte sur les compteurs d’énergie.
  • Il existe néanmoins une tendance forte à l’installation de BACS performants (classe A ou B selon la norme NF EN ISO 52120-1) capable d’assurer une gestion en fonction de la demande réelle (ou « Energy control on demand») et qui peut être financée en partie par les Certificats d’économies d’énergies (CEE). Le Syndicat ACR salue d’ailleurs le prolongement du coup de boost sur la fiche d’opération standardisée BAT-TH-116 jusqu’au 30 juin 2024 et anticipe qu’il soit maintenu jusqu’à la fin de l’année 2024 au moins, date d’entrée en vigueur du Décret BACS pour les installations CVC supérieures à 290 kW.
  • Le Syndicat ACR constate donc un échelonnement des opérations du 3ème pilier de la rénovation énergétique que sont les systèmes de gestion technique et de régulation. Celles-ci portent d’abord sur les solutions de suivi énergétique, puis de mise en conformité réglementaire avec des BACS standards, et enfin vers des solutions BACS performantes atteignant les niveaux d’exigences similaires aux bâtiments neufs et permettant d’obtenir des économies d’énergie fortes sur le long terme dans la perspective du décret tertiaire. Cette montée en puissance est une tendance forte que souhaite encourager et accompagner la filière BACS, en s’appuyant notamment sur les actions d’information, de formation ou de communication de l’Alliance BACS.
  • Dans cette dynamique, le Syndicat ACR attire aussi fortement l’attention du marché sur la nécessité de protection des données nécessaires à la Gestion Technique du Bâtiment et annonce le déploiement des standards de cybersécurité pour le protocole de communication standardisés ouverts multiusages comme BACnet.

3) Les Services

Marché des Services BACS 2023

Pour la première fois, le marché du service connait une décroissance à -1% en 2023.
Sur ce marché, les opérations de commissioning et maintenance préventive permettant de répondre aux enjeux réglementaires du décret tertiaire et des plans de sobriété énergétique n’ont pas permis de maintenir le marché à flot pour les industriels.
On rappelle que les prestations prises en compte dans les statistiques ACR sont l’assistance technique, la formation, les matériels de rechange, les dépannages et les contrats de maintenance. Les constructeurs/ industriels (et ou réseaux d’intégrateurs partenaires) restent les mieux placés pour assurer ces opérations à haute valeur ajoutée.
Pour autant, la contrainte liée à la pénurie de main d’œuvre qualifiée conduit de plus en plus les propriétaires et exploitants à externaliser les opérations de montage et de services associés ce qui fait mécaniquement baisser les statistiques des industriels.
L’enjeu fondamental de la filière BACS est de contribuer à réduire l’écart qui peut exister entre la conception, l’installation et l’exploitation des « systèmes de GTB et régulation » performants.
Dans ce domaine, l’obligation d’inspection des systèmes GTB introduit par le Décret BACS II du 7 avril 2023 accélère cette prise de conscience générale et des travaux sont en cours au sein de l’Alliance BACS avec l’ensemble de la filière (industriels, bureaux de contrôle, AMO, exploitants, etc.) pour déployer des outils permettant de réduire cet écart.

Résultat global 2023

Au regard de ces évolutions, on peut globalement constater une progression et une mutation du marché des BACS vers des solutions standards de qualité de plus en plus répandues dans tous les bâtiments (minimum réglementaire aux horizons 2025 et 2027), et des innovations technologiques qui deviennent la norme (ex : « vannes d’équilibrage automatique ou vannes PICV – Pressure Independent Control Valves »).
Les effets des textes réglementaires renforcés en 2023 (Décret régulation, Décret BACS) portent leurs fruits mais leur potentiel en termes de croissance du marché est encore loin d’être atteint.
On peut toutefois se réjouir de voir que les BACS sont désormais incontournables dans les opérations de rénovation énergétique. En effet, il existe des solutions de régulation standards minimum adaptées à tout type de bâtiment et pour tous les vecteurs énergétiques du bâtiment (eau/air/électricité).
La complexité des BACS induite par l’approche fonctionnelle et systémique nécessaire pour être sobre et efficace en énergie tout en maintenant le confort désiré reste une difficulté sur le chemin du déploiement massif des BACS en France. Les opérations de démocratisation des BACS permettant d’aller plus loin en termes de performance avec des solutions de rénovation répondant aux plus hauts standards du marché ont déjà été utiles (ex : Webinaires de l’Alliance BACS sur les fondamentaux du dispositif CEE dans le domaine des BACS).

Perspectives 2024

Pour l’avenir, les industriels BACS portent désormais leurs efforts sur la phase de déploiement massif des solutions standardisées. En effet, le Syndicat ACR anticipe une stabilité de la réglementation technique des bâtiments pour les BACS. La publication à venir de la nouvelle Directive Performance énergétique des bâtiments devraient d’ailleurs confirmer que les évolutions réglementaires européennes sont pour la plupart déjà mises en œuvre en France.
Pour accompagner cette montée en puissance des BACS en termes de quantité (des millions de m2 à équiper de BACS standards) et de qualité (régulation de plus en plus fine pour consommer moins et mieux), les industriels continueront à s’appuyer sur les fondamentaux stratégiques et techniques développés depuis de nombreuses années qu’il s’agit désormais de partager avec le plus grand nombre.
C’est la mission que se donne l’Alliance BACS et ses membres en réunissant les leaders de la filière BACS qui veulent suivre le chemin de la massification des BACS en évitant les contre-performances et malgré les effets d’aubaines induits par un secteur largement subventionné.

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