L’isolation des bâtiments doit rester une priorité selon le FILMM
A l’occasion d’une table ronde organisée sur la thématique de la rénovation énergétique, en présence de parlementaires et experts du secteur du bâtiment, le FILMM, syndicat national des fabricants d’isolants en laines minérales manufacturées, appelle le Gouvernement à renforcer les mesures pour massifier les travaux de rénovation et lutter plus efficacement contre les passoires thermiques.
L’amélioration de la performance énergétique des bâtiments est un levier majeur pour réduire nos consommations et accélérer la transition du secteur. Dans un contexte marqué par l’envolée des prix de l’énergie, l’amélioration de la qualité thermique des logements joue également un rôle social : c’est l’outil le plus efficace pour lutter contre la précarité énergétique qui touche encore 12 millions de personnes en France.
Si l’ambition est consensuelle, des débats subsistent sur la nature et le calibrage des dispositifs à mettre en œuvre pour atteindre les objectifs climatiques et sociaux définis par la nouvelle mandature.
Le constat : les 700 000 gestes de rénovation par an ne permettront pas d’éradiquer les passoires thermiques
L’accélération de la rénovation énergétique des bâtiments est une priorité du Gouvernement, avec une ambition affichée de 500 000 rénovations globales par an jusqu’en 2030, puis 700 000 par an de 2030 à 2050 pour atteindre les objectifs de la SNBC.
Malgré la réussite du dispositif MaPrimeRénov, les aides ont été majoritairement mobilisées pour changer le système de chauffage. Or, pour mener une rénovation énergétique efficace, il est préférable de favoriser une rénovation globale de l’enveloppe comprenant des gestes d’isolation thermique. En effet, l’isolation de toute l’enveloppe d’une passoire thermique permet de réduire sa consommation et donc la facture énergétique de 70 à 80 %. « L’isolation des bâtiments conduit non seulement à réduire les émissions de CO2, mais aussi les factures énergétiques des ménages, tout en contribuant directement à réduire la dépendance énergétique de la France », explique Pierre-Emmanuel Thiard, président du FILMM. « En France, 7,2 millions de logements sont qualifiés de passoires thermiques. Sans travaux d’isolation, ces logements resteront des passoires, indépendamment du système de chauffage installé. L’isolation des bâtiments doit être confortée comme priorité de ce début de mandature », poursuit-il.
L’urgence : corriger les dysfonctionnements des dispositifs de financement pour réussir le défi de la rénovation
Le marché de la rénovation thermique est largement orienté par les dispositifs publics d’incitation, en particulier les Certificats d’économie d’énergie (CEE) et MaPrimeRénov. Or, des dysfonctionnements majeurs déstabilisent l’ensemble de la filière depuis le début de l’année. L’effondrement des prix de valorisation des CEE a notamment causé une chute brutale des travaux d’isolation avec -83 % sur l’isolation des combles entre le T1 2021 et le T1 2022. Le correctif de +25 % du niveau de l’obligation annoncé par le Gouvernement pour la 5ème période est jugé insuffisant par la filière pour relancer rapidement et massivement le dispositif. La filière appelle le Gouvernement à prendre les mesures correctives nécessaires, notamment en renforçant les objectifs des CEE précarité.
La filière alerte également le Gouvernement sur les limites actuelles du dispositif MaPrimeRénov et la nécessité de rétablir les aides pour l’isolation des combles et des planchers, afin de compenser l’arrêt du Coup de pouce isolation dans le cadre des CEE. En effet, les travaux d’isolation des combles perdus et des planchers sont les seuls gestes d’isolation à ne pas être intégrés aux aides financières, ce qui était initialement justifié par l’existence du Coup de pouce isolation. « Il est impératif que les dispositifs d’aides s’intègrent dans une stratégie cohérente et ambitieuse de rénovation énergétique, en mettant l’accent sur les travaux d’isolation en tant que principal levier de sobriété et de maitrise de consommation d’énergie, pour une indépendance énergétique renforcée. L’urgence est tant écologique que sociale, dans un contexte d’explosion de la précarité énergétique », constate Pierre-Emmanuel Thiard.